Intestinal Candida albicans overgrowth in IgA deficiency 07 juin 2023

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Le microbiome n’est pas seulement constitué de bactéries et de virus, mais comprend également un écosystème mycélien constituant le mycobiote. Ce dernier colonise différents sites de notre organisme, notamment l’intestin.

Les mécanismes immuns qui contrôlent l’homéostasie hôte/mycobiote dans les situations normales et pathologiques sont encore mal connus. Candida albicans représente l’un de ces micro-organismes commensaux communément retrouvés dans le microbiote digestif sans être responsable de troubles particuliers. Ce champignon est toutefois susceptible d’entrainer des infections mortelles en cas de passage systémique. La pathogénicité de ce commensal est liée à sa capacité de filamentation lui conférant un pouvoir invasif des cellules de la muqueuse épithéliale.

Alicia Moreno-Sabater et al. ont postulé que l’IgA pourrait jouer un rôle clé en préservant la diversité mycobiotique et l’intégrité de la barrière intestinale.

L’étude récemment publiée dans JACI montre que les anticorps IgA retrouvés dans le sérum mais également dans les sécrétions digestives et dans le lait interagissent avec de très divers représentants du microbiote. La présence de l’IgA est associée avec une préservation de la diversité du microbiote et diminue le risque de translocation fongique à travers les cellules épithéliales.

Comment dès lors expliquer ce paradoxe que les sujets, néanmoins fréquents dans la population (1/500), qui présentent un déficit en IgA ne souffrent habituellement pas d’infections fongiques sévères ? L’étude a montré que l’absence d’IgA peut être partiellement compensée par d’autres acteurs comme les anticorps IgM et les lymphocytes Th17. Cette redondance immunitaire a toutefois des limites puisque les formes symptomatiques de déficits en IgA, associés par exemple à des troubles digestifs, des infections ou des manifestations auto immunes sont également associés à une surreprésentation de C. albicans au niveau digestif.

Au total : il apparait donc que l’IgA joue un rôle particulier dans le contrôle de C. albicans. Ce résultat souligne l’intérêt de persister dans la mise en place de stratégies de supplémentation orale par IgA chez les patients déficitaires pour escompter un effet régulateur, non seulement sur les bactéries et les virus, mais également sur les champignons.